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Publié : 29 octobre 2016

Minority Report : liberté et responsabilité

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Minority Report est un film de science fiction réalisé par Spielberg en 2002 dont le scénario est inspiré de la nouvelle de Philip K. Dick. Le futur décrit dans le film et la nouvelle traitent du libre-arbitre, du déterminisme et de morale. En effet, dans le futur imaginé dans ces deux œuvres, les crimes sont prévisibles à l’avance grâce à trois humains mutants appelés précogs ayant la capacité de déterminer l’heure exacte, la victime et le coupable d’un meurtre dans un futur proche. L’agence Précrime dirigée par le héros du film John Anderton est alors chargée d’arrêter tout meurtrier avant qu’il ne commette son crime.
Chaque crime résulte donc d’une chaîne de causalité qui est vue par les trois précogs. Par exemple, le film illustre cette chaîne de causalité avec un crime passionnel : un homme qui vient de découvrir la relation infidèle qu’entretien sa femme avec un autre décide sur le champs de la tuer. On peut supposer que le futur de cet homme est donc prédéterminé. Dans son chemin de vie, il va forcément découvrir l’adultère et va obligatoirement prendre la décision de tuer sa femme par jalousie, étant animé par des antécédents psychologiques. En vérité, cette chaîne de causalité est parfois vue différemment par les 3 précogs. Il existe souvent 2 rapports majoritaires qui montrent quel est l’événement le plus probable et un rapport minoritaire ignoré par le système (donc inconnu des agents de Précrime) qui montre un autre destin possible mais moins probable. Le rapport minoritaire montre donc qu’il n’existe pas un futur déjà traçé mais « des futurs ». Ainsi le futur n’est pas stable mais change en fonction du « libre-arbitre » du meurtrier par exemple (il peut choisir de ne pas tuer sa victime), ce qui modifie l’idée qu’il existe une seule chaîne de causalité et que chaque acte est déterminé. Il existe une part d’imprévisible. John Anderton se retrouve alors confronté à ce problème de rapport minoritaire. Il apprend que les précogs le voient tuer un homme qu’il ne connaît pas. Pour lui, il est évident qu’il ne tuera pas cet homme : soit il y a une faille dans le système, soit les images ont été truquées et c’est un complot. C’est ici que la nouvelle et le film divergent : il s’agit en effet d’un complot dans les deux cas mais ils n’aboutissent pas au même résultat.
Dans le film, Anderton capture le précog qui a supposément le rapport minoritaire mais découvre qu’il n’y en a pas en vérité dans son cas : les trois précogs ont eu la même vision de lui tuant par vengeance un homme qui a enlevé son fils des années auparavant. Mais quand Anderton finit par trouver cet homme qu’il est supposé tuer, il découvre qu’il s’agit d’un coup monté car il n’a pas tué son fils et se suicide. Telle que la scène est faite, les visions des précogs s’avèrent réelles mais ce n’est pas Anderton qui tue cet homme. Cependant, la fin du scénario du film ne laisse pas de place au déterminisme car la dernière vision des précogs est totalement fausse. A la fin du film, l’auteur du « complot » se retrouve face à un dilemme : il a le choix entre tuer Anderton (comme l’ont prédit les précogs) ce qui permettrait de sauver la crédibilité de Précrime ou alors il doit choisit de ne pas le tuer, ce qui signifie la fin de précrime (car les visions seraient fausses). Mais ce dernier opère un 3ème choix imprévu car il se suicide. Le scénario laisse donc la place à l’imprévisible et à un libre-arbitre qui n’est pas déterminé car l’action de cet homme n’était pas prévisible et les précogs n’ont pas vu ce futur.
Dans la nouvelle, le « complot » est politique puisqu’il s’agit d’un général de l’armée qui cherche à avoir la main mise sur Précrime en dénonçant l’existence des rapport minoritaires (qui cette fois ci existent). Les rapports minoritaire posent en effet un problème de morale et de justice car ils laisseraient emprisonner des innocents ayant un autre futur possible. Le général de l’armée fait donc en sorte que les précogs aient des visions différentes. Ceux-ci voient 2 rapports majoritaires où John Anderton tue le général et un rapport minoritaire qui montre que sachant qu’il va tuer un homme, Anderton n’agit pas pour rester innocent. Le héros va alors bien entendu chercher à révéler le rapport minoritaire et son existence pour prouver qu’il n’est pas un meurtrier potentiel (ce dont il est certain au fond de lui). Seulement, à la fin de la nouvelle, Anderton décide tout de même de tuer le général pour sauver Précrime et éviter un retour à la criminalité impunie. La nouvelle montre donc que malgré l’existence du rapport minoritaire, c’est l’événement le plus probable qui se réalise.
Mais pour finir, le principe des précogs et de Précrime n’est qu’un paradoxe sur toute la ligne : les crimes n’ont jamais lieu puisque ils sont stoppés par les agents de Précrime en temps normal. Comment est-ce possible alors que les précogs voient bel et bien un meurtre se dérouler ? Peut-être que les visions ne s’agisent pour eux que d’intuitions liées à la volonté, au choix des meurtriers et non une vision des faits réels puisque les précogs ne voient jamais une arrestation se dérouler. Il y aurait donc des limites au déterminisme présenté par la nouvelle et le film car il ne prouve pas que les événements se passent tels que prévus mais que les précogs peuvent seulement parfois prévoir les choix des meurtriers.

Camille, TES 1.