Des enfants trop parfaits, de son titre original Perfect People est un livre basé sur les dérives de la manipulation génétique. L’auteur aborde sous forme d’un thriller les limites du génie-génétique.
Le livre nous dépeint l’histoire d’un couple ayant eu précédemment un enfant, atteint d’une maladie génétique rare, qui décéda au bout de sept ans. Voulant un deuxième enfant en bonne santé, le couple fait appel à un médecin très connu mais controversé des états-unis, Leo Dettore. En premier temps, venu pour seulement supprimer le gène responsable de la maladie, le généticien les informe, après séquençage des gènes du couple, qu’ils peuvent choisir tout de leur enfant : la taille, le temps de sommeil, la musculature, l’intelligence, … Le couple est formellement contre. Pour les convaincre, le généticien avance sa thèse : bientôt il n’y aura que des enfants « parfaits » et un enfant « normal » deviendrai un « sous homme » dans cette société.
L’histoire de ce livre peut très bien se rattacher au déterminisme. Le déterminisme est une théorie selon laquelle tout est déterminé par des causes antérieures, chaque acte devient une nécessité. On exprime que T-1 détermine T, et T+1, ... Dans ce livre, le choix des gènes prendrait se rôle de T-1, de la cause antérieure. Ainsi chaque geste, chaque aptitude et chaque choix de l’enfant serait décidé antérieurement par les parents. Ce choix matérialise donc le « T-1 » en quelque chose de très concret.
Ce ne serait plus le hasard de la méiose, nos actes de l’enfance, qui détermineraient notre présent et notre future, mais les parents qui déterminent T, T+1 et T + ∞.
Essayons de pousser le raisonnement plus loin et prenons plus de recule encore. Nous l’avons schématisé ainsi :
Si nous nous intéressons aux instants T précédents, schématisés en bleu, aux causes qui paraissent moins directes. On pourrait ainsi trouver d’autres causes comme la maladie du première enfant, le jour où l’amie du couple leur à prêter l’argent pour payer la clinique. Ces informations sont contenues dans le roman, mais en extrapolant et en allant plus loin encore, on pourrait deviner d’autres causes encore comme le jour où l’ami a construit sa fortune, … Il y a une infinité de causes qui ont mené à cette événement T. Mais cette infinité de causes crée à son tour une infinité de conséquences. Ainsi rien ne serait laissé au hasard, à la contingence, ce qui est défini par ce qui peut ne pas être.
Ce raisonnement, théorisé notamment par Laplace, nous mène à conclure que tout nos gestes sont déterminés. Le libre-arbitre est la liberté la plus profonde que l’on peut éprouver, le fait de se déterminer par soi même. Il est ici contre-dit par nos conclusions. Ainsi, on peut voir le libre-arbitre comme une illusion de notre orgueil. Éprouver n’est pas prouver, et si un instant T est défini par tout les instants T-1 et T-∞ alors pourquoi l’homme faisant partie intégrante de cet instant T en serait-il exempté ?
Néanmoins il est possible de nuancer ces propos. Et ce livre peut encore se mettre en lien avec la philosophie.
Si on avance dans l’histoire ; en passant les quelques péripéties dues à la fausse mort et à la manipulation du généticien qui n’a pas répondu à toutes les attentes du couple, on en vient à la naissance des enfants. Nous avons le portrait de jumeaux totalement insociables. Extrêmement intelligents puisque modifiés génétiquement mais incapable d’avoir de la compassion ou de l’amour pour quiconque, même pour leurs parents. Ils sont plus intéressés par les sciences et le savoir, comme les gènes les déterminent, que par les relations sociales. Essayant de responsabiliser un peu ses enfants, la mère nommée Naomie, leur achète un hamster chacun. C’est avec effroi qu’elle découvre les deux bêtes disséquées par les jumeaux un matin quelques mois plus tard. Réclamant explication les enfants lui expliquent rationnellement qu’ils avaient remarqué la maladie des hamsters, et que par curiosité scientifique et pour éviter les souffrances de la maladie ils les avaient achevé.
Nous pouvons nous questionner sur plusieurs points.
Commençons déjà par souligner que nous sommes tous capable de savoir ce qui est juste ou non. Nous avons une responsabilité qui guide nos actes. Notre société est d’ailleurs basée la dessus, la justice par exemple. C’est notre liberté morale, notre dignité ce qui fait de nous des hommes.
Le premier questionnement qui s’oppose à nous, serait de savoir si l’acte des jumeaux était juste ou non. Il pourrait, selon moi, se définir en deux partie. Oui, il serait morale d’achever des animaux malades pour éviter des souffrances. C’est un acte juste qui affirme l’humanité des deux jumeaux. Or, disséquer des animaux qu’ils ont par le passé chéris n’est pas un acte moral.
La moralité induit une cause morale, c’est une loi que nous nous sommes nous même imposée. C’est ainsi qu’est notre liberté, nous nous déterminons par des lois que nous avons choisies, nous nous déterminons donc pas nous même.
Nous avons conclu précédemment que le déterminisme contredit l’idée de l’existence d’un libre arbitre. Mais la théorie de la loi morale réintroduit son existence.
Or ces deux enfants n’ont plus cette loi morale. En voulant donner toute leur chance à leurs enfants, leur offrir plus de liberté en leur donnant une place haute dans la société le couple leur à enlevé leur seule liberté, ce qui fait d’eux des être humains : leur responsabilité.
Pour conclure, ce livre à démontré par sa fin que l’eugénisme (la naissance choisie) n’était pas une solution pour créer une société meilleure. Il en a exprimé la limite de façon assez flou, il semblerait que la modification du génome entraîne un vieillissement prématuré.
Avec la philosophie, nous sommes en mesure de trouver une autre limite.
Même sans cette limite physique que Peter James à exprimée, nous savons que ce déterminisme poussé à l’extrême supprime ce qui fait de nous des hommes : une dignité et une morale. Nous avons évoqué le fait que notre société est régie par cette même morale. Faire des enfants parfaits ne faciliterait pas la vie en société mais aurait plutôt comme vœu de la détruire.
Pousser le déterminisme ainsi a nourri énormément de fiction. Il s’exprime notamment dans la plupart des dystopies comme « Sentiment 26 », « Divergente », « 1984 ».
La faculté de pouvoir anticiper les conséquences déterminées, a fait naître beaucoup de personnages de détective comme le « Mentaliste ».
Perrine, TS4.